vendredi 21 octobre 2011

Obstacle n° 9 : les standards téléphoniques.

Avant c'était déjà pénible. Mais depuis dix ans, téléphoner à un service quelconque est devenu une activité aussi nocive pour la tension artérielle qu'un tour au Space Mountain ou la consommation solitaire d'une meule entière de gouda, mais si tu sais bien les amis, ce délicieux fromage venu des contrées du Nord, celles où l'on porte ses chaussettes avec ses sandales. Et ça ne va pas en s'améliorant.

Le mec qui a eu l'idée du standard téléphonique full auto n'est pas humain. Sinon, des fois, il devrait téléphoner à un standard téléphonique. Et il se rendrait compte de la péniblitude de la chose. S'il y a bien une preuve qu'une civilisation extraterrestre existe et ne nous aime pas, c'est le standard téléphonique. La seule explication rationnelle à l'existence de cette merde, c'est une haine profonde et inconditionnelle de toute chose humaine.



L'art, déjà. Je sais pas toi mais perso, à une lointaine époque, Vivaldi j'aimais bien. Bon, c'était pas l'amour fou non plus, on en était pas lui et moi à se rouler dans les champs de blés bercés de vagues mordorées que le vent pousse en parcourant les vallées bucoliques de nos Ardennes d'antan, mais j'étais pas contre. Aujourd'hui, les cinq premières notes du concerto n°1 en mi majeur, plus connu sous le nom de "printemps" par les masses incultes, provoquent chez moi une sorte de fugue dont je sors généralement une heure plus tard devant un container de déchets d'abattoir, couvert de sang et vêtu d'un tablier en latex (chacun ses hobbies).

Le langage, aussi. Tu t'en souviens, toi, très chers lecteurs, de l'époque où on utilisait le téléphone - objet qui, dans ces temps reculés, était quelque chose qu'on laissait chez sa maison - pour parler dedans ? Parce que moi j'ai du mal. Aujourd'hui, quand je téléphone à mon opérateur téléphonique - parce que j'aime être méta - c'est plus pour parler. J'ai droit à une voix d'hôtesse de l'air bulgare harcelée sexuellement qui me propose :

- pour payer plus d'argent que je ne le fais déjà, d'appuyer sur 1;
 - pour déclarer un dysfonctionnement quelconque, d'attendre douze heures l'oreille contre le cornet à subir un concerto en mi majeur (op. cit.) puis de me faire raccrocher au pif et de bien fermer ma gueule.

Le standard automatisé, une allégorie.

L'empathie, enfin. Ah, l'empathie, ce trait psychologique qui serait, selon certains anthropologues distingués, l'avantage nummer één de l'humanité dans la grande course à la survie qu'est l'évolution darwinienne*. Je veux dire, t'appelles parce t'as un souci avec ton téléphone / ton chauffage / tes frais de gestion bancaire / ton chien / bi-bi-bi-biffe la mention inutile et t'as quelqu'un direct au bout du fil qui te demande ce qu'il peut faire pour toi, tu l'aimes, ce type. Direct. T'as l'impression qu'il comprend tes souffrances et, par extension, tu comprends les siennes. Mais est-ce le cas ? Bien sûr que non. Avoir un interlocuteur humain quand t'appelles un standard c'est comme faire le supercoup de Zangief à Street Fighter : tu y passes dix heures, tu t'y reprends trente fois et quand par miracle t'y arrives tu sais plus comment et tout le monde est sûr que t'as triché, TMTC. Alors fatalement, après cette séance de techno-SM assisté par téléphone, le mec qui déboule à l'autre bout du fil il va prendre cher, rien que pour te passer les nerfs, déjà.

(D'ailleurs vas-y lâche-toi, traite-le de fils de pute, de pédonazi ou de socialiste wallon, parce que de toute façon il est payé - une misère - juste pour ça. Sérieux. De son standard high-tech qui ressemble un peu à une prison - je sais, j'y ai bossé - ce pauvre hère n'a aucun moyen, du tout, de t'aider. Sa seule fonction est de se faire crier dessus par des usagers mécontents. De toute façon il est de nos jours très certainement stationné en Inde ou en Côte d'Ivoire et le seul contact qu'il a avec la boîte que tu crois appeler, c'est l'origine de son chèque en fin de semaine. On se demande pourquoi il y a autant de suicides dans les boîtes de téléopérateurs.)

T'as vu Terminator ? Parce que perso, je suis persuadé que le méchant serveur informatique qui cherche à asservir l'humanité est un standard téléphonique.


*Crois-moi sur parole. Je pourrais t'expliquer, mais t'as pas le niveau.

3 commentaires:

  1. Sans blague, pourquoi qui s'appelle Skynet, tu crois?

    Lou

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  2. pédonazi dans tes tags, fallait oser l'public !!!

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  3. C'est vrai que parfois les standards telephoniques et serveurs vocaux interactifs sont mal configurés et ne provoquent qu'une seule envie chez l'appelant : raccrocher.
    De plus l'image de l'entreprise peut en patir

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