jeudi 7 juillet 2011

Obstacle n°7 : la communication institutionnelle

Les amis, je suis colère. Car autant je peux m'étendre sur les nombreux et rédhibitoires défauts des responsables marketing - leur jargon gerbifiant, leurs organes créatifs tant atrophiés qu'à peine suffisants à imaginer le moindre épisode de plus belle la vie, sans parler de leurs choix hautement discutables en matière de gourmettes - autant je dois leur reconnaître une et une seule qualité : ils sont honnêtes. Alors tu vas me dire, les amis, que je me fous de ta face et pour tout dire ça m'arrive assez souvent - pas assez souvent, me diras-tu en ponctuant d'un lol, espiègle lecteur attentif qui n'a pas manqué de relever dès le premier article comme un parfum de promesse d'une mise à jour hebdomadaire à cette époque lointaine où tu étais encore peu habitué à mon humour acerbe, et croate à présent d'impatience chaque fin de semaine en attendant la chronique haineuse mais ô combien complice qui te fera oublier en un clin d'oeil, complice également, tes tracas hebdomadaires avant de plonger dans l'enfer d'un week-end familial - donc oui, en effet, je me fous de ta face. J'en étais où ?


De l'honnêteté des responsables marketing, donc. Tu diras ce que tu veux des responsables marketing et de leur métier ignoble - big up au petit Raphaël, de Liège, qui prend encore trois douches chaque matin pour laver la souillure indélébile qu'ont laissées sur lui des études dans le domaine - mais quand ils te sourient d'un air huileux ou t'inventent des termes comme crousillance *shudder* ils le font dans le but expresse de te vendre un truc. Tu le sais, ils le savent, et on ne va pas aux putes sans payer.

Mais le type qui te pond ce genre d'affiche :



Il te veut quoi, exactement ? A part te prendre pour un con, je veux dire.

Parce que moi aussi je veux bien m'engager pour le climat en bouffant des gobelets en plastique pendant mes heures de bureau, ou en pissant dans un violon, que sais-je. J'aurai peut-être même ma tronche sur une affiche, genre - ah pasque oui, t'espère pas non plus qu'ils vont respecter ton droit à l'image et te payer pour poser sur cette putain de photo et servir leur propagande à peine maquillée, non non, c'est sur participation volontaire. Mais à part te culpabiliser, genre "le réchauffement climatique c'est à cause de toi, petit contribuable qui ne gagne même pas deux briques le mois" et rendre un peu plus visible des artistes subventionnés en mal de contributions publiques pour payer leur installation à base d'horodateur et de girafes gonflables, je suis pas sûr que ça accomplisse grand' chose, surtout au niveau de l'impact régional sur la dette carbone.


Contrairement à, je sais pas, la tétrachiée de véhicules publiques qui crâment des hydrocarbures, les industries lourdes du bassin qui recrachent des fumées qui puent, la dépendance énergétique belge aux barrils qui collent, la présence d'entreprises aussi criminelles que Shell ou Total sur mon beau sol national sans qu'on leur dise rien ou les forêts entières rasées pour pouvoir imprimer cette crotte et la coller un peu partout dans mon centre-ville. Je cherche, je cherche, et j'ai pas vu une affiche avec la tête du P-DG d'Arcelor Mittal ou de Shell Petroleum. Ils sont même pas liégeois, les losers.

Là où le type qui t'écrit croustillance sur un paquet de barres de céréales, il espère t'en faire bouffer plus et avoir tes sous - ce qui est quelque part un but noble dans notre jolie société de marché - la plaisanterie d'homme qui a conçu et diffusé cette campagne de merde, il veut juste une et une seule chose. Que tu te dises que la merde actuelle c'est de ta faute, et que tu fermes bien ta gueule.

Ca coûte moins cher de payer des affiches que de faire quelque chose, après tout.

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