jeudi 28 avril 2011

Obstacle n°1 : Les responsables marketing

Je suis là chez moi, à essayer de me tirer les doigts du cul et réaliser 40 portraits de crève-la-faim façon charbonnage pour une association du coin au lieu de m'affaler devant la x-box qu'un pote m'a laissé en dépôt pendant qu'il fait une cure de désintox tente de retrouver les derniers hippies du Larzac, sachant que ça crâmerait définitivement ma journée à 13h30 (parce qu'il faut bien le dire, on se dit "allez, 10 min sur Ninja Gaiden Black*" mais ça dégénère très vite, ces choses-là, allez encore juqu'au prochain point de sauvegarde pis tu tombes sur un boss un peu coriace, tout ça) et contre toute attente, je décide de me faire un café en grignotant une barre de céréales Special K au chocolat, espérant que ça me donne le coup de fouet salutaire pour arriver à gratter du mineur à la tablette graphique. Je sais, j'ai l'air de faire de la pub à Kellogs', là, mais attends que j'arrive plus loin tu vas voir où je veux en venir. Donc, quand soudain.




"Croustillance plus légère."

Non mais c'est un mot, ça, "croustillance" ? Qu'est-ce que c'est que ce néologisme de merde ? Ça ressemble à rien. Là, ça me coupe direct l'envie de m'envoyer une barre chocolatée aux pétales de blé acheté quelques centimes la tonne à un paysan Biélorusse et revendu à prix d'or après quelques légères transformations à une grosse majorité de quarantenaires complexées par leur poids et incapables de bouffer du Côte d'Or sans visualiser les petites bulles de gras qui vont se loger une à une dans leurs fesses.

"Croustillance." Personne parle comme ça. J'ai juste l'impression d'entendre un cadre marketing qui a passé sa jeunesse à se faire formater la tronche dans une grande école, tout content parce qu'il a vaguement l'impression d'avoir fait un bon mot. Ca lui éclaire sa journée, au type. Il a moins l'impression de gagner sa vie à faire croire à ses patrons qu'il vend plus de caca que son voisin de bureau.  "Croustillance." Voilà un mot qu'il était cruellement urgent d'inventer. Réfléchis : combien de fois sur ta journée ne te dis-tu pas : "ah, j'ai besoin d'un nom pour qualifier l'essence croustillante des choses, et "croquant" ça fait vulgaire" ? Ah, tu vois. Il y avait un besoin. Décidément, les markéteux, c'est des gens très forts pour répondre aux besoins.

Et donc, dans un ultime et despéré-z-effort de procrastination avant de gratter du pixel à la Wacom, étant un glandeur moderne - donc éminemment on line- je poste sur le site de la kommandantur Facebook histoire de me défouler. Et vu combien de réactions j'ai eu en trente secondes, visiblement les gens qui foutent rien de leur fin d'après-midi, eh bien, ils préfèrent voir les gens râler que de lire un n-ième "ce soir, une bonne potée au chou!"

Un évènement pareil, ça fait réfléchir quand t'es un internaute, un vrai, genre le mec qui va troller sur 4chan ou expliquer à des pticons avec des coupes de Beatles tournés que Pasolinien c'est déjà has-been. T'es les deux doigts sur le pouls du réseau des réseaux, tu vois. Et là, épiphanie, tu comprends que si tes blogs foirent (genre trois abonnés, bonjour maman), c'est parce que t'essaies d'apprendre des trucs aux gens, et les gens ils s'en foutent. Les gens, ils veulent du sang, du foutre et des insultes.

T'es pas con, hop, clic-clic et tu montes un blog expliquant ta quête du bonheur et surtout, une fois par semaine minimum #toutlemondeycroit un obstacle à ycelle. On s'abonne vite fait parce que je vais pas cross-post sur facebook longtemps, coco, je veux des hits bien propre sur mon blogspot histoire de pouvoir m'acheter un zeppelin avec le fric des pubs que tout le monde va censurer avec adblock. Et mort au service marketing de Kellogs' Europe, très certainement basé à Pâris.

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